Note : Ce contenu a été créé avant que Fabernovel ne fasse partie du groupe EY, le 5 juillet 2022.
La semaine dernière nous avons vu les 4 premiers modèles organisationnels alternatifs, analysons cette semaine les 3 derniers.
Le pitch
L’organisation opale est considérée comme un organisme vivant, et définie par 3 caractéristiques :
- Self-management : « powerful and fluid systems of distributed authority and collective intelligence ».
- Wholeness : « a consistent set of practices that invite us to drop the mask, reclaim our inner wholeness, and bring all of who we are to work ».
- Evolutionary purpose : « organizations are seen as having a life and a sense of direction of their own ».
Qualités / défauts
+++ :
- Un cadre qui relie différentes échelles : l’individuel (wholeness), le collectif (self-management) et la personne morale (evolutionary purpose).
- Une mine d’or de bonnes pratiques (stratégie, budget, objectifs, formation, rémunération, évaluations, recrutement etc.), qui aident à questionner nos idées préconçues sur les organisations.
--- :
- Un modèle qui ne fait pas système : les 3 piliers sont complémentaires, mais l’auteur souligne que l’on peut avancer sur l’un plus que sur l’autre.
- Comme dans le cas de l’entreprise libérée, forte dépendance au « leader visionnaire » qui est le moteur de la transformation. Aussi intéressants soient-ils, les conseils concrets de changement visent essentiellement au CEO.
Penseur
Frédéric Laloux, ancien associé de McKinsey.
Exemples
- Buurtzorg (Pays-Bas ; réseau d’infirmiers à domicile ; 10.000 personnes)
- FAVI (France ; sous-traitant automobile ; 400 personnes)
- Patagonia (Etats-Unis ; vêtement outdoor ; 1.000 personnes)
Pour aller plus loin
- 1 wiki : Reinventing organizations
- 1 livre (fort bien) illustré : Reinventing Organizations
Le pitch
« A DDO is organized around the deceptively simple but radical conviction that organizations will best prosper when they are deeply aligned with people’s strongest motive, which is to grow. » (Laskow Lahey et Kegan)
Le développement de chaque employé et la réussite de l’entreprise ne sont pas perçus comme antagonistes, mais bien entremêlés.
Une DDO repose sur 3 dimensions :
Qualités / défauts
+++ :
- Un modèle qui peut s’intégrer au sein d’une structure traditionnelle (les entreprises étudiées maintiennent plusieurs strates).
- Un modèle très cohérent, bâti sur les interactions entre les 3 piliers - on retrouve la notion de système qui nous est chère.
- Un cadre de réflexion englobant, qui réfléchit au développement des personnes dans leur totalité, pas uniquement en tant que salariés…
--- :
- ...mais cela peut aussi faire peur, apparaissant comme une nouvelle forme de mélange, voire pour certains de confusion, entre pro et perso.
- La culture de « déstabilisation constructive » permanente peut déraper. Certains salariés ont ainsi qualifié l’environnement de Bridgewater comme un « chaudron de peur et d’intimidation ».
Penseurs
Lisa Laskow Lahey et Robert Kegan, 2 psychologues du développement de la Harvard Graduate School of Education.
Exemples
Le concept de DDO est bâti sur la longue immersion des auteurs au sein de 3 entreprises :
- Bridgewater (Etats-Unis ; fonds d’investissement ; 160 Md$ sous gestion ; 1.700 personnes)
- Decurion (Etats-Unis ; salles de cinéma, immobilier et résidences pour personnes âgées ; 1.100 personnes)
- Next Jump (Etats-Unis ; logiciels RH)
Pour aller plus loin
- 1 whitepaper qui résume le concept en 15 pages
- 1 livre : An Everyone Culture, de Lisa Laskow Lahey et Robert Kegan
- Des idées concrètes : le site de Next Jump répertorie leurs diverses initiatives pour favoriser le développement physique, émotionnel, mental et spirituel (oui, vous avez bien lu) de leurs employés. Une lecture stimulante !
Le pitch
Des organisations qui brouillent les catégories fixes habituelles des différentes parties prenantes (salariés, actionnaires, clients…). La participation y est fluide :
- Dans l’espace : on compte de multiples degrés d’implication.
- Dans le temps : il est plus facile de contribuer ponctuellement, en fonction de ses disponibilités et de ses besoins.
Ces organisations s’appuient grandement sur les outils numériques - et pour certaines, sur la blockchain - pour partager l’information et prendre des décisions en commun.
Elles se prêtent également bien au travail à distance.
Qualités / défauts
+++ :
- Le seul modèle qui remette vraiment en cause les frontières de l’entreprise.
- Une alternative aux dérives de certaines plateformes, à savoir privilégier leur propre intérêt ou ceux d’un nombre réduit de parties prenantes.
- Une grande plasticité dans les applications : aussi bien à but lucratif que pour piloter un projet open source ou une association.
--- :
- Une capacité à passer à l’échelle qui reste à démontrer, étant donné la jeunesse des projets.
- Le bon dosage coordination virtuelle / coordination physique est délicat à trouver.
Penseurs
Nous !
Exemples
- Enspiral (Nouvelle-Zélande ; communauté d’entrepreneurs sociaux et freelances ; 100 personnes)
- Colony (« _a platform for open organizations _»)
- Open Collective (« _a new form of association, open by design _»)
Pour aller plus loin
- 1 post de blog : « Why Colony »
- 1 article : « Digital economy and the rise of open cooperativism: the case of the Enspiral Network »
- 1 guide : Enspiral Handbook
En conclusion
- Ces modèles sont souvent reliés. Par exemple, le développement personnel est très présent dans l’entreprise libérée, la DDO et l’entreprise opale. Ou l’idée de petites équipes agiles dans les start-up internes de l’entrepreneurial management, les cercles de l’holacratie ou encore les squads.
- Les modèles ont les défauts de leurs qualités. Vous l’aurez sans doute remarqué, le principal arbitrage concerne la taille de l’unité de base : plus celle-ci est réduite, plus elle est agile, mais plus il faut porter attention à la coordination des efforts.
- A vous de trouver le vôtre ! On ne le répétera jamais assez, le but de cet article, comme de toute notre enquête sur les nouvelles organisations, est de fournir une forte dose d’inspiration, et non pas des modèles prêts à être répliqués.