Note : Ce contenu a été créé avant que Fabernovel ne fasse partie du groupe EY, le 5 juillet 2022.
Côté visionnaires, notre génération n'est pas en reste : Steve Jobs, Bill Gates, Mark Zuckerberg, Sergey Brin ou encore Larry Page ont posé les fondements du monde numérique et construit de véritables empires économiques. Leur histoire, on la connaît bien : ils ont commencé à bricoler vers 20 ans, souvent dans un garage. On les croit fous, mais ils sont juste trop ambitieux.
Leur adage ? « If you can dream it, you can do it ». Cette invitation à ne pas avoir peur d’oser, elle nous vient de Walt Disney. Et le défi n’est pas lancé à la légère ; ce principe l’a animé, lui qui a transformé le monde de l’art et du cinéma en y imprimant pour toujours la marque indélébile de son imaginaire.
Eh oui, le serial entrepreneur qui avait plus d’un demi-siècle d'avance sur Elon Musk, c'est Walt. Car si pour vous, le nom de Disney évoque un grand-père rêveur qui dessinait des princesses, revoyez vos classiques avec ces 7 faits !
Walt Disney
"Je veux que Disneyland soit le plus merveilleux endroit de la terre, et qu'un train en fasse le tour." Il faut dire que le pitch est plutôt flou.
Une startup à 21 ans
Walt Disney monte à 21 ans Laugh-O-Grams, son premier studio d’animation. Il décroche d’emblée un contrat de $11 000 de l’époque (soit plus de $150 000 actuels) pour démarrer la production de 6 courts métrages animés pour enfants. Mais le rêve est de courte durée : le contrat n’est finalement pas honoré et la compagnie frôle la faillite, sauvée de justesse par un généreux donateur.
Malgré les difficultés financières, le studio tourne à plein régime et l’équipe réalise de nombreux courts métrages. La réalisation d’Alice’s Wonderland, par exemple, relève de la prouesse technique : une petite fille filmée se promène dans une bande dessinée – procédé qui sera notamment repris plus tard pour Mary Poppins. Ce ne sera cependant pas suffisant et cette première aventure entrepreneuriale prend fin en 1923.
La culture du fail – et du garage !
Lors de sa faillite en 1923, Walt est à Kansas City (donc très loin de la Silicon Valley) et a déjà l’âme d’un serial entrepreneur, d’un risk-taker. Il s’envole alors pour Hollywood et fonde, avec son frère Roy, le Disney Brothers Studio... dans un garage – les muses de l’innovation ont décidément un goût bizarre pour les garages.
Walt Disney : Mickey Mouse
Walt n’étant pas un gestionnaire particulièrement doué, Roy est le financier de l’affaire et Walt le stratège. Ils reçoivent de quoi financer la série_ Alice Comedies_, dont Alice’s Wonderland était le pilote – comme quoi, l’« échec » de 1923 n’en était pas vraiment un ! Un autre contrat leur est offert par Universal : la production de courts métrages sur Oswald le Lapin Chanceux, leur dernière création.
Pivot or not pivot
Oswald est plus chanceux que le studio des frères Disney. Un problème de droits d’exploitation contraint Walt et sa bande à abandonner leur mascotte, malgré le succès des premiers films. Mais en revenant d’un rendez-vous – que j’imagine tendu – avec Universal, Disney a l’idée d’une nouvelle créature : Mickey Mouse, très largement inspirée d’Oswald. Quand on voit le succès de la souris, on se dit que ça a du bon de pivoter !
Mickey Mouse devient la coqueluche de la série Steamboat Willie, la première innovation disruptive de Disney : à une époque où le cinéma est muet, on entend Mickey siffler, les cheminées du bateau tousser… tout un florilège de gags sonores synchronisés avec l’image, la marque de fabrique du studio. En passant, saviez-vous que Walt Disney a été la doublure vocale de Mickey pendant toute sa vie ?
Des innovations en tout genre
En 1932, lorsque sort le Technicolor, Disney a l’intuition que l’intégration de la couleur révolutionnera ses films. Il demande donc une exclusivité de 2 ans pour expérimenter le procédé. Telle une véritable équipe de R&D, des animateurs exploreront le potentiel de cette technologie sur les Silly Symphonies. Ces expérimentations répétées prépareront le projet Blanche-Neige, le premier long métrage d’animation en couleur et avec voix. Le projet est complètement fou : 4 ans de réalisation, un budget qui passe de $250 000 à $1 500 000… de quoi faire frémir n’importe quel chef de projet !
Mais Disney n’innove pas que techniquement. Dans ses films, il explore de nouveaux genres, toujours avec une vision pédagogique marquée. Ainsi, Fantasia est une véritable pièce de concert pour enfants, avec des dessins abstraits. Ses films éveillent à la beauté de l’art pictural et musical. Dans la Belle au Bois Dormant, il réutilise toute la BO de Tchaïkovski – on est loin de « Libérée, délivrée… ».
Disney, l'entrepreneur total et son "mission statement"
Pour Disney, « _all your dreams can come true _» – pensez à Blanche-Neige, Cendrillon, Pinocchio ou encore le Livre de la Jungle. Mais les chefs-d’œuvre d’animation, qui ont longtemps incarné ce mission statement cher à Walt, ne suffisent pas à rendre pleinement compte de sa vision. Les dessins sur écran, c'est bien ; imiter Mary Poppins et plonger carrément dans la fiction, c'est mieux. L'idée d'un endroit où les dessins animés deviendront réalité commence à germer.
Afin de prendre son indépendance vis-à-vis des studios, Walt nomme 9 « sages » – des animateurs de la première heure, à ses côtés depuis les années 1920-1930 – pour prendre les rênes de la branche « animation ». Il crée en 1952 les WED Entreprises – WED pour Walter Elias Disney – et s'entoure d'imagineers, les ingénieurs de l’imagination. Avec eux, il ébauche les plans et attractions de Disney, avec le succès mondial que l'on connaît – un 6e parc Disneyland ouvrira ses portes le 16 juin 2016 à Shanghai.
Walt Disney : mission statement
L’art du storytelling
Lorsqu’il voudra faire la promotion de son parc Disneyland, Walt ira jusqu’à produire une émission télévisée pour présenter son projet à ses principaux prescripteurs : les enfants. Il s’adresse à eux d’égal à égal, comme s’il s’agissait d’investisseurs, cherchant à les convaincre de son projet. Il explique la logique d’ensemble du parc, présente les différents mondes et fait même intervenir certains directeurs du projet ; on parle aussi de l’avancement des travaux, de la date de livraison et des modalités pratiques. Bref, tout ce qu’il faut savoir sur Disneyland, c’est Walt en personne qui le dit à ses futurs clients.
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À cette occasion, Walt utilise les médias de divertissement pour faire une pub très créative – on dirait aujourd’hui « transmédia » – de Disneyland. Par exemple, pour donner envie aux gens de se plonger dans un Far West idéalisé (Frontierland), il crée un groupe de musique country avec des cowboys et diffuse à la télévision les fameuses aventures de Davy Crockett. Mieux encore, il organise une trentaine d’expéditions partout dans le monde (Laponie, Galapagos, Portugal, Maroc…) pour filmer les paysages et comprendre les coutumes des locaux. Son objectif est double : concevoir les décors très réalistes d’Adventureland, et faire rêver les enfants avec des reportages à couper le souffle.
L’inventeur de la réalité virtuelle (VR)
La VR est probablement l’innovation qui va faire le plus parler d’elle cette année. Plus besoin de les présenter : Oculus Rift, qui a lancé le mouvement en 2012, talonné de près par HTC Vive, ou encore le Samsung Gear VR et le Google Cardboard. Du plastique raffiné au morceau de carton, avec ou sans écran intégré, une seule chose compte : la sensation d’être immergé dans un environnement sonore et visuel différent, fictif ou non !
Et pour le vivre, quoi de mieux qu’un parc à thèmes ? Avec l’ouverture de Disneyland il y a 50 ans, Walt a offert à ses spectateurs la possibilité de traverser l’écran, et d’entrer dans le monde féerique qu’il avait imaginé. Car aller à Disneyland, c’est revivre la Gold Rush à bord d’un train de la mine déjanté. C’est voguer comme un pirate en pleine mer des Caraïbes. C’est partir pour un voyage sur la Lune à la Jules Verne.
Vous voilà désormais convaincus – je l’espère ! – que Walt Disney, en plus d’être un innovateur de génie, est peut-être celui qui a inventé la never-seen-before experience. Et il aurait pu aller beaucoup plus loin ! Son projet le plus fou est sans doute l’_Experimental Prototype Community Of Tomorrow _(EPCOT) : la construction d’une ville idéale, communautaire. Il voulait que ce showroom géant, en cristallisant toute l’innovation de son temps, serve désormais de modèle aux villes qui seraient construites partout dans le monde.
Disney, le vendeur de rêves, ne songeait donc pas qu’aux contes de fées, mais comptait mettre les nouvelles technologies au service du progrès de l’humanité… Qui a dit qu’elles désenchantaient le monde ?