Note d'analyse presse — Paris, le 14 février 2024 — par Stéphane Distinguin, fondateur d’EY Fabernovel
7 000 milliards de dollars. C’est plus de deux fois la valorisation déjà astronomique d’Apple et près de 50 % du PIB européen. C’est la dernière annonce fracassante de Sam Altman pour être à la hauteur des enjeux de l’intelligence artificielle et intégrer toute sa chaîne de valeur amont, à savoir toute l’industrie « hardware » et en particulier les semi-conducteurs dont dépendent les modèles logiciels dans lesquels OpenAI est à la fois le pionnier et le leader.
Si ces chiffres faramineux donnent le tournis, ils ont leur cohérence. Ils sont même plusieurs fois cohérents. D’abord, OpenAI et Sam Altman confirmé dans son rôle de CEO génial et tout puissant après le putsch avorté de son conseil d’administration, poussent leur avantage. Après les licornes, ils créent une nouvelle espèce d’animal légendaire, une chimère qui serait à elle seule un troupeau de 7000 licornes. Ensuite, ce sont bien les montants nécessaires pour la production de ces puces que les acteurs de l’IA s’arrachent. Après le « quoi qu’il en coûte » auquel nous nous sommes tous habitués depuis 2020, cette somme pour mettre la prospérité de notre civilisation sur pilotage automatique est peut-être une affaire. Enfin, elle souligne deux caractéristiques de cette nouvelle révolution industrielle : elle n’est plus celle de quelques rêveurs dans leurs garages, elle ne tolère plus les créateurs de site de rencontres pour animaux de compagnie, elle est l’affaire de ceux, rares, qui ont les moyens sans limite de leurs ambitions démesurées. En cela, elle appartient avant tout aux entreprises, et aux plus riches d’entre elles. Elle n’est plus celle du « B2C » roi.
Plus que jamais depuis sa création, OpenAI est le prototype d’un nouveau capitalisme encore plus concentré et opaque pour sa face sombre, qui ringardise celui qui a donné naissance aux GAFAM.
Dépassant le milliard de dollars en moins 10 ans d’existence, initialement à but non lucratif, OpenAI a su faire évoluer son modèle pour trouver des financements à une vitesse et une échelle sans précédent.
Feu de paille ou fusée sur son pas de tir ? Elon Musk en pire ou Steve Jobs en mieux ? Et quid de l’Europe qui préfère réglementer l’IA avant même d’avoir bouclé son Green Deal Industrial Act, saurons-nous apprendre du cycle précédent et développer notre modèle billionaire ?
A propos de Stéphane Distinguin, fondateur d'EY Fabernovel
Stéphane Distinguin fonde Fabernovel en 2003, un groupe international, expert en transformation numérique et création de produits et de services innovants. Avec cette agence d’innovation d’un nouveau genre intégrée à EY depuis 2022. Stéphane accompagne des grands noms du CAC40 et excube des pépites comme Digitick (vente de billet en ligne/mobile), Bureaux à Partager (devenu Morning aujourd’hui), KissKissBankBank ou Urban Campus. Stéphane est à l’origine de La Cantine, premier coworking en Europe, de Parisoma à San Franisco. Il est aussi connu comme figure de la « French Tech », président de la Grande École du Numérique qui forme plus de 10.000 jeunes aux métiers du numérique partout en France, chaque année. Il a aussi été le président de Cap Digital et de Silicon Sentier.